dimanche 9 octobre 2016

Une religion de perdants ?

Jésus a mis environ trois années pour annoncer le Royaume de Dieu. Il a enseigné aux foules, formé des disciples, guéri des malades, relevé des âmes perdues. Beaucoup attendaient autre chose. Les oreilles n’entendaient pas ou n’entendaient qu’à moitié. Un échec retentissant s’en est suivi.
Le multibillionnaire américain Ted Turner, lui aussi un peu dur de la feuille, a déclaré qu’il n’aimait pas la religion chrétienne car, disait-il, «  c’est une religion de perdants ». Propos remarquable, soulignait l’écrivain Simon Leys : on ne saurait mieux la définir… car tout progrès humain est dû aux gens qui échouent. « … Don Quichotte a subi d’innombrables revers. Comme il refusait obstinément d’ajuster « l’énormité de son désir » « à la petitesse de la réalité », il était voué à un perpétuel échec. Seule une culture fondée sur une religion de perdants pouvait produire un pareil héros…. » (Simon Leys, Protée et autres essais, Gallimard, 2001).
L’Evangile est en effet truffé de conseils dans ce sens : donner sa vie, prendre sa croix, ne pas se soucier des richesses, découvrir une force dans la faiblesse. Le sanctoral est rempli de serviteurs et servantes qui, au mépris de leurs propres intérêts, ont ouvert des écoles, des hôpitaux, des hospices, dressé  des tables pour les pauvres, connu le martyre…
Les disciples de Jésus apparaissent dès lors comme des « losers », des perdants aux yeux de la réussite mondaine, comme le fut leur Maître.
Notre relation d’amour avec le Seigneur vécue dans la prière n’est pas un savoir mais une connaissance obscure où notre intelligence est toujours « en perte » par rapport au mystère de cet amour qui nous dépasse (Madeleine Delbrêl).
« Mes chemins ne sont pas vos chemins… » (Isaïe, 55, 8).
 Proposé par Alain à l’occasion de la Journée des Amis du 1 octobre. 

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